C’est une reconversion tout en symboles. Celui qui fut directeur marketing de la distillerie Eyguebelle à Valaurie jusqu’en 2017, Philippe Froment, et sa compagne, l’éditrice Muriel Seauve, lancent cet automne leur propre spiritueux ainsi qu’un parfum.

« Venant du monde des spiritueux, j’avais l’envie d’en fabriquer en partant de la plante. Je suis fils de paysan, forcément ça ressort », souligne Philippe Froment. Après trois années passées à réaliser des essais, une étape est franchie avec la mise sur le marché d’une première production depuis le 1er  octobre.

Le couple, installé à Valaurie, revendique être la seule distillerie de France à réaliser un spiritueux à base de jus de canne de sorgho, cette céréale venue d’Afrique qui a l’avantage de pousser sans consommer trop d’eau. Le sorgho cultivé par Philippe Froment a la particularité d’accumuler le sucre dans la tige et s’exploite comme la canne à sucre. « On ramasse les cannes, on les broie puis on les presse afin d’en extraire un jus qui va fermenter. C’est ce mou qu’on distille pour en faire un spiritueux. »

La pandémie en toile de fond

Et pas dans n’importe quel alambic. Philippe Froment a acquis une machine datant de 1926 dénichée du côté de Roche-Saint-Secret et qui, il y a encore 30 ans, circulait dans les villages du pays de Grignan.

Son fonctionnement à la vapeur avec chaudière au bois permet aussi la distillation de plantes aromatiques. « Cela nous a permis de mutualiser nos compétences avec Muriel qui souhaitait depuis longtemps fabriquer des parfums ». Pour ce couple amoureux des plantes et de la nature, cette activité en agriculture biologique offre donc deux débouchés. « Pour moi, c’est une histoire qui a débuté avec la pandémie » de la Covid-19, l’année dernière, confie Muriel Seauve, qui gère la maison d’édition Marie Delarbre à Taulignan. « Au niveau de l’agence, tout était à l’arrêt et beaucoup d’entre nous se sont posé des questions. De ce fait, je me suis inscrite à l’École lyonnaise des plantes médicinales pour suivre une formation d’aromathérapie. Parallèlement, j’ai découvert l’univers des parfums. »

Sa première fragrance a été baptisée presque naturellement “Marquise de Sévigné”, à proximité du château de Grignan où elle a séjourné quelques fois avant d’y décéder en 1696. Il s’agit d’un parfum inspiré par “l’Eau de la reine de Hongrie”, une eau de toilette prisée par l’épistolière, savant mariage de romarin, de lavande, de géranium rosat, de ciste et de bergamote. Le couple, qui détient également une agence de communication et de marketing, Hilarion Consulting, maîtrise son art de bout en bout, de la conception à la commercialisation.

Infos : www.spiritsens.fr ; distillerie@spiritsens.fr

Par F.C.-G.